Voyager en étant handicapé : Une épreuve difficile, le changement est-il à venir ?

Le voyage peut être un véritable parcours du combattant pour les personnes en situation de handicap. Entre fauteuils roulants perdus ou endommagés, personnel mal formé et manque d’accessibilité, les obstacles sont nombreux. Pourtant, une nouvelle initiative du gouvernement britannique pourrait enfin apporter des solutions concrètes.

🚀 Un secteur du voyage encore trop peu accessible

Voyager en avion est déjà une source de stress pour beaucoup de passagers. Mais pour les personnes handicapées, les difficultés commencent bien avant l’embarquement et peuvent parfois durer tout le trajet. Perte de fauteuils roulants, assistance inadéquate, absence d’accès aux toilettes… Autant de problèmes qui transforment un simple vol en véritable cauchemar.

Sophie Morgan, animatrice TV et militante pour les droits des personnes handicapées, connaît bien ces difficultés. Paralysée depuis un accident de la route en 2003, elle a fondé en 2023 Rights on Flights, une organisation luttant pour une meilleure prise en charge des passagers handicapés dans l’aérien. Cette initiative a été motivée par une expérience personnelle : son fauteuil roulant a été endommagé lors d’un vol British Airways. « Ce problème existe depuis les débuts du transport aérien », affirme-t-elle. « Le système actuel est totalement validiste. »

✈️ Une nouvelle task force pour améliorer l’accessibilité des vols

Face à ces défis, le gouvernement britannique a mis en place un groupe de travail dédié à l’accessibilité aérienne. Présidé par la baronne Tanni Grey-Thompson, ancienne athlète paralympique, ce comité réunit des représentants de compagnies aériennes (Jet2, British Airways), des associations du secteur du voyage (ABTA), ainsi que des aéroports comme Stansted et Glasgow.

L’objectif ? Améliorer l’expérience des passagers handicapés, de la réservation jusqu’à la récupération des bagages. Parmi les sujets étudiés :

  • Les fauteuils roulants maltraités ou perdus.
  • Le manque d’assistance lors du débarquement.
  • L’absence de services adaptés (toilettes, chaises d’embarquement).
  • Le manque d’information claire sur les droits des passagers.

🛑 Des incidents encore trop fréquents

Un journaliste en à fais les frais. En octobre dernier, lors d’un vol avec LOT Polish Airlines, il a été contraint de ramper jusqu’aux toilettes, faute de fauteuil roulant à bord. « C’était extrêmement inconfortable et humiliant », explique-t-il. LOT a présenté ses excuses mais justifie l’absence de chaises de transfert par un manque d’espace sur ses avions court-courriers.

Un sondage mené auprès de 500 passagers handicapés a révélé que la moitié d’entre eux se sont sentis discriminés en avion ces cinq dernières années. Une situation inacceptable.

🌍 Un secteur du tourisme qui évolue (trop) lentement

Face à ces difficultés, certains opérateurs tentent d’améliorer les choses. Limitless Travel et Enable Holidays proposent par exemple des voyages sur-mesure adaptés aux besoins des personnes en situation de handicap.

Inclu Travel, veut aller encore plus loin. En 2022, il a créé IncluCare, un label certifiant les destinations réellement accessibles. L’Amilla Maldives a été la première à recevoir cette certification. D’autres hôtels, comme le Great Scotland Yard à Londres et le Leopard Walk Lodge en Afrique du Sud, devraient suivre en 2025.

🔄 Un tournant en 2025 avec l’Air4All ?

L’une des avancées les plus attendues est le système Air4All, qui permettra aux passagers de rester dans leur fauteuil roulant pendant le vol. Ce siège innovant peut être utilisé par tous les voyageurs mais se transforme en un espace sécurisé pour un fauteuil roulant, grâce au système ISOFIX (déjà utilisé pour les sièges auto).

Ce projet, porté par Flying Disabled, est en phase de tests et pourrait être validé par les autorités américaines et britanniques d’ici la fin de l’année. De nombreuses compagnies, sur tous les continents, ont déjà manifesté leur intérêt.

🚆 Des défis au-delà de l’aérien

Les difficultés ne se limitent pas aux avions. Les voyages en train posent aussi problème. Une voyageuse malvoyante, souligne que l’application Passenger Assist (qui permet de demander une assistance en gare) n’est pas toujours fiable. « Il m’est arrivé d’attendre une assistance qui n’est jamais venue », témoigne-t-elle.

Même problème pour les détenteurs de chiens-guides. Andrew Lamb, de la Fédération Européenne des Chiens Guides, a été empêché d’embarquer avec son chien au départ de l’aéroport de Gatwick. « Le personnel ne connaissait pas les règles, j’ai dû changer de compagnie », explique-t-il.

📢 Un combat qui doit s’intensifier

« Trop de personnes handicapées subissent ces injustices sans pouvoir se faire entendre ». Mais la pression monte. Documentaires, pétitions, témoignages… La mobilisation croissante pourrait bien forcer l’industrie à accélérer sa transition vers un tourisme vraiment inclusif.

Les avancées sont timides mais réelles. Il est urgent que compagnies aériennes, aéroports et opérateurs touristiques prennent leurs responsabilités et assurent à TOUS les voyageurs une expérience digne et respectueuse.