Venise impose une taxe d’entrée pour freiner le tourisme de masse : un modèle pour l’avenir ?

Taxe tourisme Venise

Face à l’afflux massif de visiteurs journaliers, Venise a inauguré un programme pilote controversé : une taxe d’entrée de 5 euros destinée à modérer l’affluence touristique. Cette mesure audacieuse peut-elle vraiment améliorer la qualité de vie dans la ville lagunaire ou est-elle simplement une solution temporaire à un problème bien plus profond ?

La genèse du programme pilote à Venise

Le jeudi marqué par une large couverture médiatique, Venise a introduit une phase de test pour un projet audacieux : faire payer les visiteurs d’un jour. Les responsables espèrent que le tarif de 5 euros découragera les arrivées massives pendant les jours de pointe et rendra la ville plus vivable pour ses résidents, dont le nombre diminue progressivement.

À la gare principale de Venise, les visiteurs étaient accueillis par d’imposants panneaux affichant les 29 dates de la phase de test du plan, tout en indiquant des entrées séparées pour les touristes et les résidents, étudiants et travailleurs. Cette initiative est vue comme une tentative de trouver un nouvel équilibre entre les touristes et les habitants de la ville.

Réactions mitigées parmi les locaux

Malgré les intentions positives annoncées, tous les résidents ne sont pas convaincus de l’efficacité de cette nouvelle mesure pour dissuader le tourisme de masse. En effet, certains insistent sur le fait que seul un regain de la population résidente permettrait de restaurer l’équilibre dans une ville où les ruelles étroites et les bus aquatiques sont souvent saturés de touristes.

Des centaines de Vénitiens ont manifesté contre le programme, parcourant de manière festive le principal terminal de bus de la ville derrière des banderoles proclamant « Non aux Billets, Oui aux Services et au Logement ». La manifestation s’est déroulée pacifiquement, bien qu’un bref affrontement ait eu lieu avec la police antiémeute qui bloquait leur accès à la ville.

L’expérience des touristes et des contrôles

Les touristes arrivant à la gare principale étaient presque aussi nombreux que les journalistes et les stewards, qui étaient là pour guider poliment ceux qui n’étaient pas au courant des nouvelles exigences. Ils devaient télécharger un QR code pour régler la taxe d’entrée. Ceci a pris par surprise certains, comme Arianna Cecilia, une touriste de Rome, trouvant étrange de devoir payer pour entrer dans une ville de son propre pays.

De l’autre côté, des agents en gilets jaunes effectuaient des contrôles aléatoires à la gare. Les contrevenants risquent des amendes de 50 à 300 euros, mais les officiels ont indiqué que le « bon sens » prévalait lors du lancement.

Effets attendus et surveillance

Depuis longtemps sous pression due à l’overtourisme, Venise voit dans ce projet pilote une opportunité d’obtenir des chiffres plus précis pour mieux gérer le phénomène. Un Smart Control Room mis en place pendant la pandémie suit les arrivées grâce aux données des téléphones portables, confirmant ainsi les estimations pré-pandémiques de 25 à 30 millions d’arrivées par an.

Les responsables admettent toutefois que les données restent incomplètes. Selon eux, le programme pilote devrait permettre de recueillir des informations plus fiables, essentielles pour planifier l’avenir de Venise.

Réactions institutionnelles et perspectives

Le maire de Venise, Luigi Brugnaro, a qualifié le jour de lancement, qui coïncidait avec un jour férié italien, de succès, avec 15 700 visiteurs payants, 50 % de plus que prévu. Plus de 97 000 autres avaient téléchargé un QR code signalant une exemption, incluant ceux travaillant à Venise ou résidant dans la région du Vénétie.

La réponse internationale a également été forte, avec un vif intérêt de la part d’autres villes d’art italiennes et de municipalités étrangères comme Barcelone et Amsterdam. Cependant, Marina Rodino, résidente de Venise depuis 30 ans, ne voit pas cette taxe comme une solution miracle. Elle déplore la transformation des appartements résidentiels de son immeuble en locations de courte durée, ce qui érode la structure sociale traditionnelle de la ville.

  • Introduction d’une taxe pour les visiteurs journaliers
  • Réactions locales et expérience des touristes
  • Contrôles et amendes pour les non-conformes
  • Implications à long terme pour Venise et d’autres villes

Cette initiative de Venise pourrait-elle servir de modèle à d’autres villes confrontées à l’overtourisme ? Seul le temps nous le dira, mais une chose est sûre : la balance entre accueil touristique et qualité de vie résidentielle doit être soigneusement pesée.