Bali : le paradis qui devient un enfer ? Ce que les touristes ne voient pas
Souvent décrite comme un petit coin de paradis, l’île de Bali attire chaque année des millions de visiteurs séduits par ses plages idylliques, sa culture riche et ses paysages luxuriants. Mais derrière cette carte postale parfaite, une autre réalité se dessine : celle d’une île qui ploie sous les effets du tourisme de masse, des déchets plastiques et de la crise climatique. Que se passe-t-il réellement à Bali ? Faut-il encore s’y rendre ? Voici une plongée au cœur d’un paradis menacé.
Une destination victime de son propre succès
@voyage_avec_manon la circulation incroyable de Canggu , entre pollution , monde et bouchon bientôt sur tout vos écrans : l'enfer de Bali 🤣 #bali #humour #canggu #trafic #scooter #pollution #pollutionbali ♬ 20th century Fox Fanfare – John Mauceri & London Philharmonic Orchestra
Depuis deux décennies, Bali s’est imposée comme l’une des destinations les plus prisées au monde. Ses temples, ses rizières en terrasses, ses spots de surf mondialement connus et ses festivals spirituels attirent des voyageurs venus de tous horizons. Mais cette popularité a un prix.
Le tourisme de masse a transformé l’île de façon radicale :
- Des zones autrefois rurales ont été bétonnées pour accueillir des resorts et des complexes hôteliers de luxe.
- La circulation est devenue cauchemardesque, notamment autour de Denpasar et Canggu.
- Les ressources naturelles sont surexploitées, notamment l’eau douce, essentielle à l’agriculture locale.
Alors que Bali offrait jadis une expérience paisible et spirituelle, de nombreux visiteurs aujourd’hui se plaignent d’un tourisme trop bruyant, d’une nature dégradée et d’un accueil qui perd peu à peu de son authenticité.
La crise environnementale frappe l’île de plein fouet
Ce qui frappe le plus en arrivant à Bali aujourd’hui, ce sont les déchets. Les plages de rêve, notamment à Kuta ou Legian, sont régulièrement souillées par des vagues de plastiques. Si certaines zones sont nettoyées quotidiennement, d’autres montrent la véritable ampleur du problème.
Les causes de cette pollution sont multiples :
- Une gestion des déchets défaillante sur l’île, où peu de systèmes de recyclage efficaces existent.
- Un afflux massif de touristes qui génèrent plusieurs tonnes de déchets chaque jour.
- Des rivières qui charient les détritus jusque dans l’océan Indien.
À cela s’ajoute la menace du changement climatique. Les inondations sont plus fréquentes, les saisons agricoles sont bouleversées et certaines rizières, classées au patrimoine de l’UNESCO, sont menacées par la sécheresse ou l’érosion. La beauté naturelle de Bali est aujourd’hui en péril.
Des tensions croissantes avec la population locale

Face à l’essor incontrôlé du tourisme, de nombreux Balinais expriment leur mécontentement. Les prix de l’immobilier flambent, les terres agricoles sont vendues à des investisseurs étrangers, et les traditions locales sont souvent mises de côté pour satisfaire une clientèle étrangère.
Les habitants ressentent une forme de dépossession :
- Les jeunes quittent les campagnes pour travailler dans le tourisme, abandonnant l’agriculture traditionnelle.
- Le coût de la vie augmente, au point que certains Balinais ne peuvent plus vivre décemment sur leur propre île.
- Les comportements irrespectueux de certains visiteurs occidentaux provoquent des tensions sociales et culturelles.
Des initiatives apparaissent cependant pour sensibiliser les touristes et les inciter à respecter les us et coutumes balinais. Mais cela reste insuffisant face à l’ampleur du phénomène.
Quand le sacré devient spectacle

Bali est célèbre pour sa spiritualité. Temples hindouistes, offrandes quotidiennes, cérémonies colorées… L’île est souvent perçue comme un sanctuaire mystique. Pourtant, cette dimension sacrée est parfois réduite à une simple attraction touristique.
De nombreux lieux spirituels sont aujourd’hui surfréquentés :
- Le temple de Lempuyang, surnommé « les portes du paradis », voit défiler des milliers de touristes venus uniquement pour une photo Instagram.
- Les cérémonies religieuses sont filmées et partagées sans autorisation, transformant la foi en spectacle.
- Certains temples ont instauré des droits d’entrée très élevés, détournant leur fonction première.
Cette marchandisation de la culture balinaise suscite de plus en plus d’inquiétudes chez les communautés locales, soucieuses de préserver l’essence de leur héritage spirituel.
Vers un tourisme plus responsable ?
Heureusement, tout n’est pas perdu. Face à ces défis, Bali voit émerger de nombreuses initiatives en faveur d’un tourisme durable. Associations locales, expatriés engagés et jeunes entrepreneurs balinais cherchent à réconcilier développement économique et préservation de l’environnement.
Parmi les pistes explorées :
- Le développement de hébergements écologiques (eco-lodges, hôtels durables).
- Des campagnes de ramassage de déchets et de sensibilisation dans les écoles et les plages.
- La promotion d’un tourisme plus lent : rester plus longtemps, consommer local, sortir des circuits classiques.
Les autorités balinaises ont également commencé à réagir. En 2023, une taxe pour les touristes étrangers a été mise en place afin de financer la protection de l’environnement et le patrimoine culturel. Une mesure encore symbolique, mais qui pourrait marquer un tournant.
Faut-il encore voyager à Bali ?
Alors, Bali est-elle toujours ce paradis tropical que l’on rêve de découvrir ? La réponse n’est pas simple. L’île reste magnifique, riche de traditions, de paysages exceptionnels et d’une hospitalité rare. Mais elle souffre, et son avenir dépend de la manière dont chacun — touristes, habitants, gouvernements — choisit d’interagir avec elle.
Pour continuer à voyager à Bali sans l’abîmer, il faut changer ses habitudes :
- Éviter les hébergements de masse au profit de structures locales responsables.
- Réduire son empreinte plastique et participer à des initiatives locales de nettoyage.
- Respecter les coutumes, s’habiller décemment, ne pas photographier tout sans autorisation.
Bali peut encore redevenir ce havre de paix qu’elle a toujours été. Mais cela implique de repenser notre façon de voyager, de sortir du tourisme de consommation et de privilégier les rencontres, la lenteur et le respect de l’autre. C’est à ce prix que le paradis pourra renaître de ses cendres.


